Gustave Flaubert a décrit son hypersensibilité de la façon suivante “je suis doué d’une sensibilité absurde, ce qui érafle les autres me déchire”. Cette citation emploie un vocabulaire plutôt péjoratif à l’égard de ce qui, pour moi, est une vraie force.
Evidemment, je n’ai pas toujours eu cet éloge concernant les émotions (cf article) et je pense notamment parce que les croyances populaires associent sensibilité avec faiblesse, infériorité, fragilité. Tu as remarqué qu’en général, quand on aborde la partie émotionnelle de quelqu’un c’est souvent plus une critique qu’autre chose ? J’ai souvent entendu par exemple “Tu prends trop les choses à coeur” “Tu pleures souvent!” Les reproches pleuvent sur les personnes hypersensibles “tu devrais te blinder !”
Hypersensibilité or not, that is the question.
Mais en fait, l’hypersensibilité, c’est quoi exactement ? Si je me réfère à la définition du dictionnaire, c’est une “sensibilité extrême”, c’est-à-dire des sens très développés et donc une capacité à ressentir ce que les autres ne ressentent pas, ou de façon moins forte. Les personnes hypersensibles sont souvent dotées d’une grande empathie. Alors, tu vas me dire “ben en quoi c’est une vraie force ?” Parce que les hypersensibles ont cette faculté à mieux écouter les émotions et le message qu’elles véhiculent. Et oui, ces émotions, quelles qu’elles soient t’indiquent un message : un signal se cache derrière tout ça, mais l’écoutes-tu ?
Les émotions, notre GPS interne
Gérer ses émotions n’implique pas de les contrôler ni de les combattre mais de les accueillir en tenant compte du message qu’elles véhiculent (Serge Desjardins)
Depuis que j’ai compris et accepté mon hypersensibilité, je suis vraiment à l’écoute de moi. Au lieu de rejeter ce que je ressens ou de l’ignorer, j’essaie, sur le moment ou après coup de traduire.
Par exemple, quand quelque chose vient me chatouiller et que cela provoque de la colère, je me demande : quelle blessure cela vient raviver ? Quel est le besoin derrière non assouvi ?
Il y a quelques semaines, avec des amis, nous parlions des danses latines (salsa, bachata, kizomba pour les connaisseurs). Quand quelqu’un dit “elle ne danse pas” en parlant de moi, je rectifie “ce n’est pas que je ne danse pas, c’est que je ne danse pas avec les codes. J’ai envie de danser comme bon me semble”. J’ai alors fait naître un débat autour de “est-ce qu’on peut danser des danses latines de la façon qu’on souhaite ?” et j’ai commencé à sentir la colère monter. Pourquoi vouloir mettre les gens dans une case ?! J’ai alors pensé à la blessure que ça ravivait : plus jeune, j’étais très petite (en retard de croissance même) et donc la “normalité” c’était de faire quelques centimètres de plus. J’ai toujours été en décalage avec la normalité et on me l’a toujours fait savoir. Cette blessure peut sûrement se relier au besoin d’appartenance (cf Pyramide de Maslow) et hop, en quelques secondes, j’ai compris ma réaction et je suis redescendue en pression.
Ecouter mon émotion, analyser leur pourquoi me permet de mieux me comprendre, mieux me connaître et ainsi savoir ce que je peux guérir chez moi. Une personne hypersensible a cette chance aussi d’avoir une intelligence relationnelle plus développée : capter ce que l’autre ressent, le comprendre, savoir ce qui se cache derrière ses réactions etc. Les émotions sont donc un indicateur puissant à prendre en compte pour reprendre le contrôle de tes relations. Comprendre ce qui te blesse te permettra d’évoluer et ainsi te diriger vers des personnes qui te correspondent. Tu n’essaieras pas inconsciemment de chercher en elles un sauveur à tes blessures mais tu te dirigeras vers des personnes qui répondent à tes besoins.
Et là ça sera JACKPOT !